Après une panne massive et une semaine de bug, la plateforme MaPrimeRénov’ est à nouveau opérationnelle depuis le 7 octobre 2025. Cependant, la réouverture s’accompagne d’un lot de mauvaises nouvelles : des milliers de dossiers seront instruits en 2026, faute de budget disponible cette année. Pour les professionnels de la rénovation et de l’immobilier, cet aléa administratif compromet des projets, teste la patience des ménages… et oblige à repenser la planification des interventions.
Une réouverture sous pression, un trafic multiplié
Après plus d'une semaine d'arrêt complet, le portail monprojet.anah.gouv.fr est enfin de retour. Mais la reprise a tourné à la surcharge : 150 000 connexions enregistrées en deux heures, contre une moyenne de 15 000 habituellement. Résultat : l’expérience utilisateur s’est à nouveau dégradée, entre ralentissements, bugs d’accès et délais de dépôt rallongés.Un effet domino : des dossiers repoussés à 2026
« On s’attendait à une reprise progressive, mais pas à un tel engorgement. Nos équipes ont dû repousser plusieurs rendez-vous techniques », déclare Camille Thomas, présidente du réseau Rénomar.
Une réalité budgétaire : 2025 est déjà plein
Le bug informatique a mis en lumière un point beaucoup plus structurel : le budget alloué pour MaPrimeRénov’ 2025 est déjà consommé. L’Agence nationale de l’habitat (Anah) avait prévu de financer environ 62 000 rénovations performantes. Or, plus de 71 800 dossiers ont été validés, et près de 30 000 supplémentaires sont en attente de financement.
Ces projets seront bel et bien instruits… mais reportés sur l’enveloppe 2026. Cela pose de nombreuses questions sur les délais de réalisation des travaux, les devis déjà signés, et les conséquences pour les artisans et entreprises du bâtiment.
Des répercussions pour les professionnels
Pour les artisans, c’est un casse-tête : faut-il engager les chantiers sans avoir l’assurance d’un financement immédiat ? Et pour les agents immobiliers, la rénovation devient à nouveau une variable incertaine dans les compromis et les délais de vente. Les logements classés F ou G risquent de rester plus longtemps sur le marché si les acheteurs ne peuvent pas budgéter sereinement leurs travaux.
« Le problème, c’est que les aides sont là, mais pas au bon moment. Cela fige des projets, cela décale des ventes, cela ralentit des locations », explique Laurent Nataf, président de Homélior.
Des règles plus strictes et un ciblage renforcé
Autre information importante : les nouvelles conditions d’éligibilité sont plus restrictives. Désormais, seuls les bouquets de travaux visant un saut énergétique significatif seront aidés. Les rénovations “par geste unique” (isoler les combles, changer une chaudière seule…) sont de plus en plus exclues du dispositif.
Cette orientation, bien qu’écologique, complique l’accès pour les ménages modestes et les petits propriétaires bailleurs, qui peinent à financer des rénovations globales coûteuses.
Une incertitude persistante pour 2026
Le budget 2026 de MaPrimeRénov’, voté dans le cadre du projet de loi de finances, devrait permettre de reprendre les dossiers gelés… mais il faudra répartir les fonds entre anciens et nouveaux projets. Si la demande reste aussi forte, de nouveaux délais d’attente sont à craindre, notamment au 1er trimestre 2026.
Côté entreprises, certains réseaux de rénovation appellent à la création d’un système plus lisible et prévisible, à l’image des Certificats d’Économie d’Énergie (CEE), avec une visibilité pluriannuelle.
Diffusez votre article juste ici
Contactez l'équipe Flash Immo au 03 89 55 69 02
