Immobilier, un séisme imminent...3000 agences en danger

By avril 14, 2020

Depuis le début du mois de mars, les pays occidentaux, en particulier l'Europe et les Etats-Unis, se sont rendus compte que l'épidémie de COVID-19 qui avait fait mettre à la Chine un genou à terre représentait une menace tangible et concrète pour leurs intérêts. Mais le confinement total des populations, qui s'y est généralisé comme un véritable mode de vie, a malheureusement des répercussions négatives dans la grande majorité des secteurs professionnels, et pourrait à terme générer une crise économique sans précédent. Le secteur de l'immobilier est touché et "près de 20 000 emplois pourraient disparaître " selon la FNAIM.

 

Des agences immobilières paralysées dans toute la France

Malheureusement, parmi tous les secteurs professionnels qui sont mis en danger par l'épidémie de COVID-19 et par les mesures de confinement qui ont été prises pour s'en prémunir, celui de l'immobilier ne fait pas figure d'exception. Le rythme des transactions immobilières sur le territoire national s'est considérablement ralenti, tout d'abord dans les régions les plus touchées par l'épidémie (Grand-Est, Île-de-France, Hauts-de-France), puis de manière homogène sur l'ensemble du territoire de métropole et d'Outre-Mer. Le problème central pour les agences immobilière, c'est que l'arrêt d'activité du mois de mars a empêché l'encaissement de liquidités liées aux transactions qui avaient eu lieu durant les mois de janvier et de février 2020.

On considère que, depuis lors, ce ne sont pas moins de 90 % des actes planifiés qui ont fait l'objet de reports vers des dates ultérieures.

Cette situation inédite conduit donc à un blocage pur et simple de l'activité immobilière en France. Mais le plus grave, dans ce contexte, c'est que la majorité des agences immobilières de France sont des petites entreprises qui ne disposent pas d'une trésorerie suffisamment profonde pour leur permettre de voir venir au-delà de deux mois sans activité ni aucune rentrée financière.

Pour nombre d'entre elles, le report des transactions de janvier et de février entraînera un trou de trésorerie de quatre mois ou plus, selon la durée totale du confinement.

Vers une faillite généralisée et sans précédent ?

Pour les agences immobilières qui doivent encaisser cette terrible nouvelle, il n'est pas interdit que ce soit la banqueroute qui se profile. À court terme, selon le directeur de la FNAIM "plus de 3000 agences immobilières réparties sur toute la France pourraient bien être menacées de fermeture".

Au total, ce sont donc "plus de 20 000 emplois qui devraient alors être supprimés" selon la FNAIM, soit quasiment les trois quarts des professionnels du secteur. La plupart des structures de petite taille n'ont pas les reins suffisamment solides pour encaisser plus de deux mois sans la moindre rentrée de fonds. Mais face à l'arrêt brutal de la chaîne du logement induit par la crise sanitaire actuelle, les solutions de secours se font rares et ne seraient pas forcément accessibles à tous professionnels demandeurs. D'autant que, le 25 mars dernier, le gouvernement a pris une ordonnance en urgence autorisant un nouveau report des délais de signature. Cette décision a été accueillie comme un véritable drame par tous les observateurs du secteur, dont le pessimisme se fait chaque jour un peu plus prégnant. (on vous explique tout sur cette ordonnance ici...)

L'Etat doit intervenir de toute urgence pour empêcher un désastre

Désormais, la balle est donc dans le camp de l'Etat. S'il veut éviter la sinistrose globale et l'agonie de l'immobilier français, qui constitue depuis des décennies l'un des secteurs les plus florissants de l'économie nationale, il doit impérativement agir. Les ordonnances les plus récentes à avoir été signées par le gouvernement entrent en contradiction avec son injonction de poursuivre le travail pour ne pas laisser l'économie couler à flot.

Le travail à distance, ou télétravail, tel qu'il est préconisé par l'Etat est souvent difficile à mettre en place pour les agences immobilières dont l'activité est suspendue à celle des services d'urbanisme des communes. Bien qu'équipées de nombreux outils technologiques, la plupart d'entre elles restent malheureusement paralysées par la fermeture totale de certaines institutions publiques.

De la même façon, les nouveaux délais imposés au service d'authentification des actes empêchent la continuité de la chaîne du logement. Ils pénalisent le secteur et constituent un véritable coup de frein au bon fonctionnement des agences immobilières françaises. L'Etat doit donc cesser de se mordre la queue et prendre des mesures rapides et concrètes pour permettre au travail de se poursuivre dans les meilleures conditions possibles, et éviter qu'un séisme frappe le secteur immobilier de plein fouet dans les mois à venir. Les connaisseurs les plus avisés de notre domaine préconisent ainsi, de concert avec le Conseil supérieur du Notariat, de poursuivre le service d’authentification des actes. De plus, le gouvernement doit se porter garant du bon fonctionnement des services d'urbanisme des différentes collectivités territoriales, revenir sur sa décision de reporter les délais des déclarations d'intention d'aliéner (c'est-à-dire les DIA), et enfin renoncer à tous les délais de protection.

Il en va de la survie économique du secteur de l'immobilier dans un avenir proche.

dernière modification le mardi, 14 avril 2020 13:10
Tiffany WILLM

Passionnée par l'immobilier et chargée de communication depuis des années